Séquence 4 (Les Fleurs du Mal : Baudelaire et le "culte des images")

Cours destinés aux élèves de 1ES2 et de 1S1 du lycée Charles Deulin.

mercredi, mars 29, 2006

Lecture cursive (2)


Objectif : prolonger la lecture du texte 1 avec d’autres poèmes du recueil qui lui font écho.
Je donne quelques pistes pour lire ces textes. A vous de les approfondir et d’en tirer des éléments d’analyse pertinents pour préparer l’épreuve de l’entretien. Vous pouvez aussi poster des commentaires ou poser des questions.

FEMMES DAMNEES (p. 161)
Lisez l’ensemble du poème : les thèmes et la tonalité sont très proches de « Don Juan aux enfers ».

FEMMES DAMNEES (p. 192-195)
Lisez en particulier les cinq dernières strophes : la descente aux enfers est évoquée sous forme d’injonction (avec la répétition de l’impératif « Descendez ». On retrouve d’autres thèmes déjà rencontrés dans la première lecture cursive : la maladie (« miasmes fiévreux »), la « stérilité », le déchaînement des éléments (« un vent qui ne vient pas du ciel », « bruit d’orage », « le vent furibond »), la débauche (« vos plaisirs », « votre jouissance », « la concupiscence », « votre chair »).
Ce poème particulièrement sinistre fait justement partie des pièces condamnées en 1857, comme le suivant :

LE LETHE (p. 195)
Le Léthé est l’un des fleuves des enfers. C’est le fleuve de l’oubli (celui que Don Juan traverse peut-être dans le poème, ce qui expliquerait aussi son indifférence et son dédain).
Les thèmes de l’amour et de la mort sont ici mêlés (cf. 1ère séquence : Eros et Thanatos, dans le texte de Francesco Colonna). Notez la « fleur flétrie », qui est une nouvelle variante de la « fleur du mal » ou de la « fleur maladive ».

LES METAMORPHOSES DU VAMPIRE (p. 198)
Autre poème condamné.
Thème de la femme maléfique, comparée au « serpent ».
Registre fantastique : le baiser du vampire.
Cette femme allie les contraires (v. 14), elle paraît monstrueuse (cf. « Femmes damnées », p. 162, v. 21). Les « débris de squelette » peuvent évoquer la maigreur d’Elvire dans « Don Juan aux enfers ». Remarquez le vocabulaire antipoétique du vers 27 : « une enseigne, au bout d’une tringle de fer ».

Enfin on pourrait commenter le titre de cette section des FDM : « Les épaves ». Cette métaphore (maritime) désigne le peuple grouillant, souffrant, dément des damnés. Ainsi, dans « Don Juan aux enfers », on pourrait qualifier les « femmes [qui] se tord[ent] » d’épaves.
L'illustration ci-dessus est le frontispice de l'édition des Epaves en 1866, par Félicien Rops (le recueil est condamné en 1868 par le tribunal correctionnel de Lille). Je vous invite à commenter cette image... (qui figurera en tant que document complémentaire dans la liste de bac)
Pour approfondir l’analyse : la métaphore maritime est un fil directeur qui permet au lecteur de « circuler » dans l’ensemble du recueil : depuis « Les Phares », « L’albatros », « L’homme et la mer », la barque du « Don Juan aux enfers », « Le voyage » jusqu’à ces « épaves »…